Finir son baccalauréat et recevoir son diplôme, c’est pas quelque chose de commun. C’est un événement important. On fête ça en grand. On va à une cérémonie où tout le monde est habillé avec la toge et on reçoit notre diplôme de la part du recteur de l’université. Tout le monde est content. Tout le monde sourit. C’est la concrétisation de 3 années de dur labeur et d’étude acharnée. Y’en a qui pleurent de joie. C’est la reconnaissance tant attendue. C’est tout ça et bien plus.
Ok, mais alors, pourquoi je m’en fous?
La cérémonie de remise des diplômes est tombée pendant que mes parents étaient en voyage en Europe. Mes amis n’y allaient pas parce qu’ils étaient tous encore en deuxième année. Je ne connaissais personne. J’ai dit: «bof, ça me tente pas full. Je m’en fous pas mal anyway.»
Ils ont envoyé le diplôme par la poste. Pour ceux qui n’ont jamais eu de diplôme universitaire par la poste, je vous explique. Ils t’envoient ça dans une grosse enveloppe géante et cartonnée. Du gros papier jaune épais et solide. À l’intérieur, y’a deux gros cartons pour empêcher l’enveloppe d’être pliée et donc empêcher que le diplôme soit abîmer. Y’a aussi une brochure pour ceux qui veulent faire encadrer leur diplôme. Y’a des options d’encadrement de 50 à 300$, avec de la petite cuirette et un fini en acajou et une bordure en argent et de la reliure en or et des diamants partout! (non, j’exagère pour les diamants, mais le reste est vrai)
Et le diplôme? À quoi il ressemble? Euhm….. ben, je ne m’en rappelle plus trop. Je l’ai à peine regardé. Il était fait avec du beau papier j’imagine. Et il y a sûrement le sceau officiel de l’université et des signatures officielles pour aller avec. Oui, c’est probablement ça qu’il y a dessus. Mmm, je m’en souviens à peine.
Et ensuite? Ensuite, qu’est-ce qu’on fait avec un diplôme? Je ne vais certainement pas payer la moindre cenne pour le faire encadrer avec de l’acajou et de la petite cuirette!
Non, sérieux, je ne savais pas trop quoi faire avec. Je l’ai laissé traîner sur la table de cuisine. Bon, je l’ai au moins remis dans la grosse enveloppe avec les cartons pour ne pas qu’il se fasse abîmer, mais c’est tout! Il a traîné là une semaine. En fait, c’était la deuxième semaine qu’il passait sur la table de cuisine. La première semaine, c’était avant d’ouvrir l’enveloppe. Je ne l’ouvrais pas parce que je savais ce qu’il y avait dedans (mon diplôme) et que ça ne m’intéressait pas. Ma mère le bougeait à chaque jour sur la table en espérant que je le vois. C’est quasiment si elle a pas mis des lumières de Noël dessus pour attirer mon attention. Évidemment, je l’avais vu mais je ne l’ouvrais pas.
Après avoir traîné une deuxième semaine sur la table de cuisine (ça c’était après l’avoir ouvert), ma mère s’est écoeurée et m’a dit de le ranger ailleurs. Alors, je l’ai pris et je l’ai mis sur le buffet à côté de la table. Elle n’était pas contente. Alors je l’ai pris et je l’ai mis sur le piano. Je pense que, cette fois-ci, elle ne m’a pas vu faire parce qu’elle n’a rien dit.
Il a passé une troisième semaine sur le piano dans la cuisine. Ensuite, ma mère s’est écoeurée et l’a mis dans «le tas». Pour ceux qui ne savent pas, le tas c’est, comme son nom l’indique, un tas de patentes et de gugusses qui traînaient et que ma mère met dans un tas dans le corridor. Là dedans y’a des manteaux, des bas, des vieux papiers, des journaux, des dictionnaires, des sacs de linge sale, des souliers, des formulaires d’inscription au tarif réduit de la STM, des balles de tennis, des batteries rechargeables, des étuis à caméra, des sachets de biscuits vides et… mon diplôme! Le tas — cette entité vivante, grossissante, qui bouge et qui se reproduit parfois — avait avalé aussi mon diplôme. Ça devenait un peu embarrassant.
Là, vous vous dites sûrement «mais pourquoi tu ne le rangeais pas à sa place, ton maudit diplôme?!»
Ouain……
C’est que, voyez-vous, un diplôme c’est gros. C’est genre ben plus gros que toutes les feuilles de papier que vous avez utilisées dans votre vie! Pis en plus, il faut pas le plier! (Ça serait ben le comble de le plier, après que l’université ait mis autant d’efforts, de cartons et d’enveloppe jaune épaisse pour le protéger des pliures!) C’est tellement gros, un diplôme, que ça ne rentre pas dans aucun tiroir, aucun classeur, aucune armoire. Sérieux, c’est vraiment gros! Genre gros comme une télé HD au plasma! Je savais vraiment pas où le mettre.
Finalement, après plusieurs autres semaines à traîner dans le tas, mon diplôme a disparu. Ma mère avait enfin trouvé une place pour le ranger. Je pense que je sais où c’est. J’ai pas vraiment été vérifié. Je l’ai dit: je m’en fous!
Un diplôme c’est juste un papier. C’est un papier qu’on affiche sur le mur pour péter de la broue. J’ai pas fait 3 ans d’université juste pour avoir un papier pour l’encadrer dans un fini acajou et velours et péter de la broue pendant le reste de ma vie. J’ai fait 3 ans d’université pour apprendre des trucs. Et les trucs que j’ai appris, je les ai appris, peu importe si y’a un papier qui dit que je l’ai appris ou pas.
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