Hypermédiation (et des vampires qui dansent)

Hypermédiation (hypermediacy):: Style de représentation visuelle dont le but est de rappeler au spectateur la présence du médium. Une forme d’autoréférentialité.

Dans mon cours de Cinéma et Technologie Numérique d’aujourd’hui, le prof nous a parlé d’un concept qui s’appelle l’hypermédiation. Ça c’est quand un film tente de briser au maximum l’illusion qu’il est un film pour nous faire croire qu’il est autre chose. Par exemple, un film de fiction qui essayerais de se faire passer pour un documentaire ou une émission de télé. On peut notamment penser à des films comme Blair Witch Project, Cloverfield ou District 9. Dans ces trois cas, il s’agit d’oeuvres de fiction qui veulent ressembler à un reportage télé ou à un film amateur tourné avec une caméra cheap. On y retrouve des caméras tremblotantes, du mauvais son, du bruit vidéo (grichage), etc.

Ce qu’on voit moins, c’est la même chose faite en animation. Parce que l’animation a déjà beaucoup de difficultés à être photoréaliste, elle peut difficilement nous faire croire à un faux-documentaire. Mais ça n’empêche pas certain de s’essayer, habituellement dans un but de parodie. Je pense notamment à l’anime Lucky Star, et à son segment Lucky Channel à la fin des épisodes, où on voyait deux animateurs qui avaient des problèmes dans leur studio de télévision. Je me souviens notamment d’un épisode où ils se chicanaient tellement fort qu’ils brisaient une caméra. La caméra basculait et l’image se brouillait.

Un nouvel anime viens de sortir, et il a l’air vraiment pas très bon:: Dance in the Vampire Bund. J’ai lu une critique et ça m’a convaincu de ne jamais écouter ça. C’est encore une histoire de vampires avec des bishos et des lolis et full de fan service dégoulinant. Et il y a un loup-garou aussi. Faut croire que les japonais ont vraiment envie de surfer sur la vague de Twilight.

Pourquoi je parle de ça? Et bien le premier épisode faisait une parodie de talk-show japonais. Tous les signes télévisuels s’y retrouvait. Si vous avez déjà vu un peu de télé japonaise sur YouTube, vous devriez savoir de quoi je veux parler. C’est évidement un anime de fiction (une princesse vampire qui veut conquérir le monde, je pense) mais qui a choisi de présenter ses personnages en faisant un talk-show qui imite la télé avec ses reportages sensationnalistes, ses talk-show et ses animateurs. C’était quand même bien fait et avez suffisamment de suspense pour que ça fonctionne. Personnellement, le fait que ça abolis les conventions d’animes en faisant un talk-show est la seule raison de pourquoi j’ai écouté le premier épisode de cet anime (et avec la ferme intension de ne PAS écouter les suivants).

Ce qui est intriguant, c’est de se demander pourquoi le studio qui produit l’anime a choisi de faire une telle expérimentation. Pourquoi vouloir essayer de briser le mur de la fiction en imitant la télé? À ce qui parait, le manga qui a inspiré l’anime commençait de façon très traditionnelle, sans briser la fiction. L’anime a choisi plutôt de pousser à fond l’imagerie télévisuelle. Pourquoi avoir changé ça?

Une des raisons que je peux voir, c’est pour renforcer son récit. Dans l’histoire de la série, les vampires auraient vécu dans l’ombre sans que les humains ne sachent qu’ils existaient, et ils auraient décidé qu’à partir de maintenant, ils allaient sortir de l’ombre. C’est un peu comme dans District 9, quand les extra-terrestres débarquent sur Terre. Le film choisi d’utiliser une approche de documentaire, pour nous faire croire que les extra-terrestres auraient réellement débarqué sur Terre. Je pense que c’est un peu ça que l’anime a essayé de faire, pour renforcer son histoire. Ça, mais aussi le fait que commencer une nouvelle série d’anime avec un punch original, ça aide au marketing! La preuve, j’aurais jamais écouté cette série sinon. Je l’ai écouté juste pour voir ce talk-show étrange.

Sur ce, si l’hypermédiation vous intrigue et que vous n’avez pas vu District 9, je vous suggère vraiment de voir ce film. C’est le meilleur que j’ai vu à date pour ce qui est d’imiter parfaitement les codes télévisuels. Sérieux, ça a vraiment l’air vrai!

Par contre, n’écoutez pas Dance in the Vampire Bund (sauf peut-être le premier épisode, que vous pouvez pirater sans remords sur YouTube). Ça a l’air vraiment plate, sauf si vous êtes un pédophile qui aime les p’tites filles nues. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est lui.


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