Lecture: My Lesbian Experience with Loneliness

J’ai fini de lire une BD et ça m’a trotté dans la tête depuis des jours. C’est donc signe que j’ai des choses à dire. Alors je viens ici écrire des choses! Mais c’est un peu mêlé dans ma tête, faque ça risque de sortir un peu mêlé. Il y a beaucoup de choses à dire apparemment!

J’ai tombé sur une critique du livre par hasard sur Mastodon. Wait non, c’est pas important. Avant de commencer à raconter tout ça, je devrais débuter en disant c’est quoi ce livre!

My Lesbian Experience with Loneliness est une histoire autobiographique en format manga. L’auteur, qui a la fin vingtaine au moment d’écrire son histoire en 2015, raconte comment elle a vécu une longue partie de sa vie avec un lourd fardeau: troubles d’alimentation, burn out, fatigue chronique, pertes de cheveux, et surtout une très mauvaise estime d’elle-même. Et par la suite, raconte comment elle est réussi à surmonter (une partie de) tout ça. Mais au début, elle ne sait rien de pourquoi ça ne marche pas dans sa tête. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle essaye très très fort de juste vivre normalement, avoir une bonne job, survivre à ses milles problèmes et essayer de rester au dessus des attentes de tout le monde autour d’elle qui lui mettent full pression: ses collègues de travail, sa famille et sa mère en particulier.

En passant, au cas où vous saviez pas, il faut lire les bulles de droite à gauche. ←

Au début, elle n’a pas les mots pour décrire rien de tout ça. Elle est perdue et ne comprend rien à rien. Et elle fait des erreurs Et c’est ça qui est merveilleux dans ce livre: l’auteure ne cache rien! Elle raconte tout! Toutes ses angoisses, toutes les choses terribles qu’elle a faites, racontés en détails, avec illustrations et humour, sans aucune pudeur. Et c’est pour ça que c’est merveilleux: parce que c’est super facile de s’y reconnaître! C’est pas des grands mots et des grands concepts abstraits. C’est la vraie vie. C’est son quotidien et toutes les mardes qu’elle endure à cause de son état mental. Même si vous n’avez pas vécu des choses aussi difficiles qu’elle, c’est tellement concret qu’on ne peut que s’y attacher. Surtout si vous êtes vaguement à l’affût de comment fonctionnent les troubles mentaux, ou même juste d’avoir fait un peu d’anxiété ou d’être insécure par moment. (aka: tout le monde!) Moi je me suis reconnu vraiment beaucoup, même si au final mes difficultés sont nettement moins intense que les siennes.

Bon, là on arrive au boutte où je vais moins parler du livre et plus parler de moi (parce que je sens que c’est ce que je dois faire si je veux faire sortir le méchant, et tout ce qui me trotte dans la tête.)

Comme je disais, je me suis reconnu vraiment beaucoup. Ses problèmes sont différents, mais son mode de pensées est similaire au mien. Au fil du livre, elle découvre que beaucoup de ses peurs sont centrés sur la crainte du jugement des autres, surtout de sa mère, puis réalise que, finalement non, ça ne vient pas réellement des autres, ça vient d’elle! C’est elle qui se juge terriblement durement. C’est elle qui se met énormément de pression pour plaire aux autres! Parce qu’elle a une très mauvaise confiance en elle-même. Parce qu’elle ne s’aime pas. (C’est ses mots ça.)

Pis genre, j’ai recommencé à voir une psy récemment pis c’est exactement ce qu’elle me fait remarquer. Je me doutais que j’avais une moyenne-poche estime de moi-même, mais je savais pas à quel point et surtout, je savais pas ce que ça voulait dire concrètement. « Mauvaise estime de soi », c’est des grands mots abstraits! Qu’est-ce que ça veut dire pour vrai, dans le quotidien, quand on dit qu’on a une mauvaise estime de soi? Là je le sais: c’est les voix fictives des autres dans ta tête qui te disent que ce que tu fais n’est jamais correct. Même pire que ça: c’est même pas ces voix là, c’est ma voix à moi qui est consentement en train d’imaginer comment je répondrais à ces personnes imaginaires qui me jugent. Constamment en train de me justifier ou de trouver des excuses pour expliquer tout ce que je fais de bizarre. (Bizarre selon mon jugement, donc ça inclus pas mal tout!). Alors qu’évidemment, tout le monde s’en fout. Évidemment!!!

Et ça arrête jamais! Constamment en train de m’imaginer ce que je répondrais dans tel ou tel contexte. Si quelqu’un m’avait vu m’être trompé et sortir du métro à la mauvaise station et revenir sur mes pas. Si quelqu’un m’avait vu réutiliser le même couteau qui est rendu « sale » pour me faire un sandwich. Si quelqu’un me demande pourquoi mes cheveux sont bizarres (aplatit, mal peignés, whatever) aujourd’hui. Si quelqu’un remarque que je mange tout le temps les mêmes affaires pour souper (C’est bon du hummus, ok!) parce que ça me tente jamais de cuisiner. Si quelqu’un me demande pourquoi je suis en retard (parce que j’ai trop niaisé sur mon téléphone dans mon lit, mais ça je n’ose pas le dire, c’est beaucoup mieux de passer 10 minutes à inventer une excuse!!). Toujours en train d’imaginer des conversations qui n’auront probablement jamais lieu ou d’imaginer des réponses à des courriels, même des heures après avoir envoyé le dit-courriel. Ou alors je rejoue dans ma tête des conversations que j’ai eus, immédiatement après les avoir eus, pour essayer de trouver comment j’aurais pu mieux dire les choses. Même pour des conversations insignifiantes. Surtout pour des conversation insignifiantes. Genre avoir demandé au gars du dépanneur si ils ont du lait d’amandes. Parce que tsé, c’est teeeeellement grave que le gars du dépanneur trouve ça bizarre la manière que j’ai demandé si ils ont du lait d’amandes!!! Calisse! C’est tellement con. Je le sais que c’est ridicule. Mais je le fait pareil. Tout le temps!

Bref ma psy me fait observer tout ça. Et ça aide. La première étape c’est de l’observer. Ensuite on verra pour l’arrêter. Habituellement ça vient quand même assez facilement une fois qu’on réussi à le remarquer quand ça arrive. Je le vois depuis quelques semaines/mois. Dès que je vois que je suis en train de penser comme ça, c’est habituellement pas trop difficile de l’arrêter.

Dans le livre, c’est ça qui lui arrive. Elle commence à prendre conscience que sa voix intérieur se juge trop sévèrement tout le temps et qu’elle doit arrêter ça. Ça ne lui vient pas naturellement. C’est pas comme la belle révélation magique au deux-tier d’un film qui révèle tout et résous tout. C’est messy. Elle a de la misère. Elle retombe dans ses vieilles habitudes. Mais elle se rattrape à la dernière minute et réussi à s’arrêter. Un exemple c’est quand elle se rend compte qu’elle aime les femmes (ou du moins qu’elle pense qu’elle aime les femmes? C’est pas clair ni pour elle ni pour nous!). Elle se force à faire quelque chose, n’importe quoi, avec ça, pour vérifier, pour essayer des choses. Même des choses qu’elle n’aurait jamais osé faire avant à cause de la peur du jugement de ses parents. Et elle découvre que c’est absolument génial de faire des choses qui nous plaise, surtout si ça va déplaire à ses parents, parce qu’elle découvre qu’elle peut juste… ignorer leur jugement pis faire ce qu’elle veut. L’important c’est que ça lui plaise à elle! Et elle décrit ça comme si elle venait de découvrir un pot de miel magique et qu’elle a le droit d’en manger à volonté et qu’il n’y a aucune conséquences à ça. Comme dirait ma première psy, c’est de la saine affirmation de soi. Et ça, on a le droit d’en manger à l’infini sans aucune conséquences négatives!

Et c’est vraiment euphorisant quand tu commences à le faire! Je pourrais citer des moment dans le livre. Je pourrais vous raconter des moments dans ma vie où je l’ai fait sans trop savoir ce que je faisais et à quel point c’était plaisant. Ou des moments où je l’ai fait volontairement en sachant très bien que c’était ça que je faisais, et que je devais donc me forcer un peu même si ça me terrifiait. Genre quand j’ai porté pour la première fois un tshirt rose vraiment beau que j’avais acheté, avec une joke full geek dessus, parce que j’avais méga peur du jugement des autres qui me voit porter du rose. Ou genre la fois du vernis à ongles, maintenant que j’y repense, c’était clairement ça! J’étais terrifié du jugement des autres dans les 2-3 premiers jours! Mais c’est justement pour ça que j’avais fait ça: pour faire exprès d’être encore plus weird que d’habitude pis tant pis pour ce que les autres pensent. Et même tant mieux si ils trouvent ça choquant. C’est eux qui ont peur de la différence! (D’ailleurs, status update, le vernis est encore là après bientôt un mois, quoique très très chippé. Je l’ai pas encore enlevé parce que je trouve ça beau pis je m’en câlisse de ce que vous en pensez! Je pourrais vous expliquer, vous rassurer, mais je le ferai pas. Faites ça vous même!)

Et donc pour revenir au livre, au fil du récit, elle apprend à s’aimer. Et ici aussi, elle ne nous épargne aucun détails: c’est pas un chemin facile! Mais c’est aussi remplis de belles expériences et de positivité et d’espoir. (Moi j’aime ça l’espoir!) C’est des petits pas. Chaque fois qu’elle atteint un nouveau niveau de réalisation, elle réalise rapidement qu’il y a encore plus de choses à savoir! Ou alors, une réalisation la pousse à avoir des comportements extrêmes, qui ne sont pas nécessairement plus sains, mais heureusement elle fini par le remarquer et ajuster en conséquence. Mais elle apprend un peu plus à chaque fois, même les fois où une de ses expérimentations est un « échec » comparée à ses attentes de départ. C’est juste qu’elle réalise qu’il y a vraiment beaucoup à apprendre et beaucoup d’erreurs possibles. Moi aussi je suis vraiment la dedans dans les derniers mois. Surtout depuis que je vois ma psy, et encore plus depuis que j’ai lu ce livre.

C’est quand même bien d’avoir un exemple concret, de voir comment, même si elle était rendu vraiment profond dans sa dépression, elle a réussi à se poser les bonnes questions, à faire de l’introspection pour trouver les réponses. C’est quelque chose que je ne fais pas assez. J’ai les questions mais je ne prend pas le temps de chercher les réponses par moi-même. Je dépend encore un peu trop des autres pour avoir une conversation qui m’aide à chercher. Mais c’est correct. Je vois une psy pour ça après tout. Une étape à la fois!

Oh hey! C’est moi!

Un autre truc qu’elle réalise c’est qu’il y a comme une bête noire qui la suit partout. Un gros truc super honteux: sa peur du sexe et des contacts physiques. Elle réalise que sa peur du sexe vient probablement de sa volonté à plaire à ses parents, qui préfèrent hypothétiquement qu’elle reste comme une enfant. À cause de ça, elle réalise qu’elle n’y pense jamais, qu’elle n’ose même pas dire le mot. Mais on est humain et on n’est pas fait pour vivre sans contacts physiques. Et elle réalise à quel point elle est en manque d’affection et de contacts. Pis genre, encore une fois, je me reconnaît tellement là-dedans! Si y’a ben une chose qui me manque depuis ma séparation l’année passée, c’est ben les contacts physiques. Pis là je parle pas vraiment du sexe. Je parle des petits contacts anodins: se prendre la main, un câlin, se coller en écoutant un film, etc. Mais comme elle, j’ai en même temps un désir pour ça et une aversion: j’aime pas que les gens me touchent. Ça me rend mal à l’aise. Je sais pas pourquoi. Et j’aime pas toucher les gens non plus. J’ai toujours peur que ce soit inapproprié. C’est probablement, encore une fois, une peur irrationnelle qui vient juste de moi. Dans le livre, tout ça fini par l’obséder tellement qu’elle se surprend à rêver à des calins. C’est embarrassant à avouer, mais moi aussi ça me fait ça des fois. (Mais pas autant qu’elle là. Heureusement! Haha.) Tout ça pour dire, je sais pas encore quoi faire avec ça. Elle même dans le livre elle n’a pas vraiment de solution, autre qu’elle fait plusieurs expériences, se soldant par des échecs et de petites victoires. J’ai secrètement espoir qu’elle en parle dans ses autres livres. Mais plus réalistiquement, c’est probablement quelque chose que je devrais voir avec ma psy. Peut-être que ça va ouvrir une boîte de pandore et révéler une grosse bête noire. Ou plus vraisemblable, on va encore voir que ça vient juste de moi pis que y’a rien là.

Nagata Kabi a écrit 2 autres livres depuis. La suite de sa vie depuis le premier livre. Je compte bien les acheter et les lire prochainement. J’espère pour elle que sa situation s’est amélioré, au moins un petit peu. Mais j’espère surtout qu’elle va continuer à tout raconter dans les moindres détails de ses pensées secrètes, pour que je puisse voir comment c’est, comment ça feel, comment il faut faire. Avoir un exemple positif réel dans la vraie vie.

Donc bref, si vous avez pas encore compris que c’était un bon livre et que je l’ai énormément apprécié, ben je vous le dit: c’était vraiment bon! Pis genre, peut-être que vous l’aimerez pas. Je m’en fout. Pour moi c’était excellent. C’était le livre que j’avais besoin de lire. C’était intéressant et bouleversant et j’arrive pas à me le sortir de la tête même une semaine après l’avoir fini. Ça me fait sérieusement me remettre en question, mais dans le bon sens. Ça me fait réaliser des choses que je doit améliorer et voir des avenues que je n’aurais jamais considérer avant. Et je vais essayer de me rappeler de venir ici pour raconter mes conclusions. D’un coup que ça aiderait d’autres gens.

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Une réponse à “Lecture: My Lesbian Experience with Loneliness”

  1. Avatar de gersande

    je vais définitivement vouloir le lire!

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