Trigger warning: suicide et autres choses tristes.
J’ai appris l’autre jour qu’un de mes amis a mis fin à ses jours. Ce qui est un euphémisme poli de dire qu’il s’est suicidé. C’était un bon ami, même si je ne le voyais plus souvent dans la dernière année. Pendant genre 2-3 ans, je le voyais chaque semaine durant les cinq à sept de la job. C’était mon partenaire de bière, la personne avec qui je pouvais bitcher quand il y avait des trucs moches à la job, mais aussi une personne avec qui on pouvait parler des belles choses dans la vie. Il n’avait aucune gêne et aucun sujet était off limit avec lui. Pour moi, c’était parfois choquant, mais aussi plutôt libérateur.
Je me souviens en particulier d’une de nos dernières conversations. Il m’avait fait un lift jusque chez nous et on avait parlé dans l’auto. Arrivé devant chez moi, on a continué de parler pendant au moins deux heures, jusqu’à très tard dans la nuit. Il me racontait ses problèmes et je lui ai raconté les miens. C’était une époque où j’avais encore beaucoup de difficulté à parler de moi. Il était patient et compréhensif. Il m’encourageais là où j’avais des difficultés avec mes problèmes. Mais rapidement, notre conversation s’était élargie pour parler de choses positives et de comment les gens avaient souvent de la difficulté de parler de la beauté dans le monde. On parlait de l’importance de dire aux gens ce qu’on aime chez eux: si on aime travailler avec eux, si on aime discuter avec eux, ou même juste des petits compliments comme le choix d’un vêtement ou dire aux gens qu’ils sont beaux. C’est bizarre comment, en général, on a tous plus de facilité à dire des critiques que des compliments.
C’est sûr que c’était pas un gars parfait. Ceux qui le connaissait le savent. Ceux qui ont joué avec lui à des jeux online le savent aussi. Il pouvait être pas mal chialeux sur certains sujets. Mais rien de particulièrement alarmant. Il suffisait de changer de sujet pour retrouver le gentil Fred.
On entend des fois les gens dire, quand un de leurs proches meurt à cause d’un suicide, qu’ils avaient perçu des signes mais qu’ils n’ont rien fait parce qu’ils pensaient que c’était pas grave. Mais pour moi c’est réellement une surprise. J’aurais jamais pu même imaginer qu’il allait faire ça.
Est-ce que c’est parce qu’il ne m’en parlait pas? Ou parce qu’il était encore correct les dernières fois qu’on s’est parlé? Ou parce que c’est moi qui a été aveugle aux signes? Peu importe. C’est malsain de penser comme ça alors j’évite de le faire.
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Parfois, mon cerveau me joue des enregistrements de sa voix. Je l’entend dans ma tête. Je vois sa face. J’entends les phrases qu’il disait. Sa manière de dire «bon». Ou «comment c’qui va?». Ou «prend soin de toi Francis.» Ou «ciao!». Il avait un beau sourire et beaucoup d’empathie.
Je vais m’ennuyer. C’est sûr.
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Cette nouvelle arrive pour moi à un bien mauvais moment. J’ai eu une autre mauvaise nouvelle cette semaine, plus proche de moi et plus proche du cœur, qui m’a aussi causé une grande tristesse. Alors ouais, la semaine a été tough pour moi. J’ai pleuré pas mal. (Fun fact: saviez-vous que la reconnaissance vocale de Siri est assez bonne pour fonctionner même si on a la voix toute brisée?) J’ai encore les émotions instables, mais ça va beaucoup mieux. Y’a rien comme un gros drame pour te faire oublier tes autres petits drames. Et j’ai la chance d’avoir plusieurs personnes à qui parler de tout ça.
Et donc ce matin, en lien avec tout ça, mon jukebox mental m’a ressorti la chanson Silver Lining de First Aid Kit.
Lien Spotify, Apple Music.
J’ai voulu comprendre ce que les paroles voulais dire donc je suis allée chercher un peu sur Internet. Je suis tombé sur un texte qui analyse les paroles et c’était très beau. Je vous encourage vraiment à le lire (archive). C’est court.
En gros, la chanson parle de comment c’est difficile mais pas impossible de passer par dessus les épreuves de la vie, quand on pense que tout va mal. Comment il faut parfois trouver des gens qui vont nous aider à sortir de notre tourment, nous faire sortir de chez nous et nous faire passer un bon moment, pour faire oublier nos difficultés ne serait-ce que pendant un moment.
I don’t want to wait anymore
I’m tired of looking for answers
Take me some place where
There’s music and there’s laughter
J’aime comment la voix de la chanson mentionne qu’elle a des difficultés et, en parlant à une autre personne, demande de la rassurer, de lui montrer les bons côtés de la situation.
I’ve woken up in a hotel room, my worries as big as the moon
Having no idea who or what or where I am
Something good comes with the bad
A song’s never just sad
There’s hope, there’s a silver lining
Show me my silver lining
Show me my silver lining
Si vous voulez en lire plus, je vous encourage vraiment à aller lire la petite analyse des paroles (archive). C’est très touchant.
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La première fois que j’ai entendu cette chanson, c’était dans le générique de fin du dernier épisode de Tales from the Borderlands. La musique, qui oscille entre tristesse, espoir et mélancolie, donnait un bon ton à la fin de cette série. (Le jeu est vraiment bon en passant. Vous devriez y jouer!)
Mon ami Fred, comme tout être humain, oscillait lui aussi entre beaucoup d’émotions. Je vais m’ennuyer de toi, Fred.
There’s hope, there’s Silvergunn.
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