En fin de semaine, j’ai participé au DTGMA (Downtown Trimestrial Game Making Adventure!) à la Maison Notman. Le DTGMA est un gamejam « relax » organisé par la Mount-Royal Game Society (MRGS) et qui s’étend sur tout un mois. Certains participants prennent tout le mois pour faire leur jeu, mais d’autres ne participent qu’à la dernière fin de semaine du mois où tout le monde donne un blitz pour finir leur jeu. Cette fois-ci, Renaud Roi-des-monstres avait réservé la Maison Notman et j’ai donc retrouvé là-bas la plupart des habitués du MRGS.
Les thèmes du DTGMA de ce mois-ci étaient:
– Cooking
– Hoisting
– Giant and talking
et on avait la liberté d’en choisir un, deux ou les trois.
Sam (le gars qui a fait le visuel de Cotton Balls Factory), Annie (celle qui a fait du visuel sur plusieurs de mes prototypes) et moi, on avait initialement prévu de faire un petit jeu pas compliqué avec Twine. On s’est donc rencontré pour déjeuner le samedi matin du jam et en profiter pour discuter de ce qu’on voulait faire. En fait, on n’avait absolument aucune idée de ce qu’on voulait faire! Les quelques idées qu’on avait eu jusqu’à ce moment n’étaient pas particulièrement originales et d’autres équipes avaient eu des idées similaires. On a donc poussé davantage et pensé à un jeu où un géant aurait de la difficulté à conserver son équilibre parce qu’il est trop grand, ce qui le fait trébucher et écraser des gens et des maisons. Comme Godzilla qui détruit tout Tokyo pendant qu’il se bat avec les autres monstres.
Dans un grand revirement de situation, on a finalement décidé de faire un jeu de table au lieu de faire un jeu vidéo. On s’est dit que ce serait une expérience intéressante à essayer. En plus, puisqu’on n’a plus la limite de la programmation qui prend toujours full de temps, on pourrait pousser le design au max.
Faire un jeu de table est toujours une expérience vraiment différente de faire un jeu vidéo. Quand on fait un jeu vidéo, c’est facile de prendre l’idée globale qu’on veut faire et de la faire rentrer dans un moule de jeux existants: jeu de plateformes, jeu de tir, jeu d’action, jeu à la première personne… Mais quand on fait un jeu de table, on a beaucoup plus d’options que ça. Est-ce qu’on veut utiliser des cartes? Est-ce qu’on utilise des pions? Des dés? Un plateau de jeu? Et chacun de ces éléments peut prendre plusieurs formes. Pour le plateau, on peut avoir une grille carrés, un labyrinthe, un trajet linéaire, une boucle… Pour les cartes, on peut utiliser des couleurs, des images, des symboles, des chiffres… Ce peut être un jeu à deux, trois, quatre joueurs ou plus. Il y a vraiment BEAUCOUP PLUS de possibilités avec un jeu de table que lorsqu’on fait un jeu vidéo, et c’est ce qui est excitant!!
Mes quelques expériences de création de jeux de table m’ont apprise qu’il faut rapidement décider d’une mécanique de base qu’on a playtesté pour ensuite graduellement ajouter les morceaux additionnels et faire des tests à chaque fois. On a donc décidé certains paramètres dès le début: Un jeu à 2 joueurs où 2 géants s’affrontent. Le but est de faire tomber l’autre géant pour qu’il écrase les gens (d’autres pions) dans sa chute. J’ai fait rapidement un petit système de cartes pour décider comment les joueurs peuvent déplacer leur géant ou pousser l’autre géant pour écraser les gens. Il y avait probablement plusieurs manière d’arriver au même résultat, mais il fallait bien commencer quelque part. C’était simplement une mécanique pas trop compliquée à implémenter. D’une certaine manière, c’est un peu comme la mécanique de base d’un jeu de plateformes: courir et sauter. Il ne restait qu’à déterminer les variables (à quelle vitesse on cours, à quelle hauteur on saute) et les défis (on saute par dessus quoi?, on cours pour aller où?). Dans notre cas, il fallait déterminer comment le joueur allait utiliser la mécanique de placement avec les cartes pour réaliser ses objectifs.
(Oh! Petite parenthèse: Je ne vais pas rentrer ici dans les détails des mécaniques du jeu. Je vais faire un autre billet pour ça.)
Le jeu a donc été complété en soirée le samedi. J’ai été le premier surpris: d’habitude, faire un jeu de table qui est intéressant à jouer peut prendre plusieurs jours de taponnage. J’imagine que la rapidité vient avec l’expérience.
Le dimanche, on a fait que des playtests en utilisant comme cobaye les autres participants du DTGMA. Les commentaires ont été très positifs. Les gens comprenaient bien les mécaniques et ils voyaient bien les possibilités et les choix qu’ils devaient faire à chaque tours. Mais le plus important c’était qu’ils avaient l’air bien concentrés sur le jeu et qu’ils s’exclamaient lorsqu’un revirement de situation avait lieu. Pour un game designer, c’est la récompense ultime! Ils avaient l’air d’avoir du fun!
On a tout de même eu des commentaires constructifs sur certains points à améliorer. Le système de défense actuel, bien que laissant beaucoup de place à l’effet de surprise, repose présentement un peu trop sur la chance. Le joueur attaquant n’a pas vraiment de moyen de prévoir son taux de succès. On va donc continuer à essayer d’autres paramètres pour essayer de rendre la mécanique de défense encore plus intéressante. J’ai déjà des idées toutes simples qu’on pourra essayer prochainement.
En conclusion, je suis vraiment content de ce qu’on a réussi à accomplir. On a été capable de trouver l’idée, de l’appliquer et d’itérer plein de fois et ce en seulement 1 journée de jam (le samedi). On a même réussi à faire des figurines, un design de planche de jeu, un design pour les cartes et plein de playtests le dimanche. Bon, il reste encore plusieurs itérations avant que ces éléments fonctionnent bien, mais le jeu est déjà l’fun right now! Bref, y’a de quoi se réjouir. On est sur la bonne voie vers un jeu qui pourrait être vraiment solide!
Mercredi de cette semaine, nous allons amener le jeu au meetup du MRGS pour que les gens puissent l’essayer et nous donner des commentaires sur les nouvelles modifications qu’on a apportées. Si vous voulez l’essayez, venez faire un tour!
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