Pourquoi est-ce que je me sens jugé de jouer à des jeux vidéo?

À noter: Je ne pense pas que ce texte est super intéressant pour autres personne que moi-même. Mais bon, si je le met en ligne, c’est qu’au fond de moi je me dit que peut-être ça pourrait aider quelqu’un.

Dans mes tumultueuses aventures de dating (lol), j’ai constaté un truc qui revient souvent par rapport à ma relation avec les jeux vidéo. Pour explorer ça, je me suis dit que ça serait une bonne idée de mettre ça par écrit.

Ce que je constate, c’est que chaque fois que je parle de jeux avec quelqu’un qui n’est pas déjà joueur ou créateur, j’ai un malaise. Genre ça me gêne de dire que j’aime les jeux, que j’en fait. Avec mes visites chez la psy, j’ai appris que quand il y a malaise et gêne, c’est qu’il y a peur, et dans mon cas souvent c’est la peur d’être jugé. C’est vraiment un truc chez moi: j’ai vraiment peur du jugement des autres. J’y travaille, mais c’est clairement pas un truc qui va s’en aller rapidement, donc en attendant, c’est bon de se demander d’où ça vient.

En gros, c’est comme si je m’imagine que les gens pensent que c’est pas bien d’aimer les jeux.

Aspect 1: Les jeux, c’est violents

Pour le commun des mortels qui ne jouent pas et qui n’ont pas de joueurs vocaux dans leurs proches, le seul contact qu’ils ont avec les jeux c’est ce qu’ils ont vu dans les médias. Le problème, c’est que les médias n’ont pas exactement une vision très positive des jeux vidéo! Quand ils en parlent dans les nouvelles, c’est habituellement pour dire que le tireur fou dans telle fusillade jouait à des jeux! Ou que les jeux rendent les enfants violents parce que, regardez, ils sont très violent et plein de guns!!! Et genre… ils ont quand même raison (sauf pour ce qui est de rendre violent: l’inverse a été prouvé y’a longtemps). Si on regarde c’est quoi les jeux populaires, c’est à peu prêt tous des jeux avec des guns ou avec violence graphique (full disclosure: J’ai pas réellement vérifié. C’est mon feeling plein de préjugés!). C’est Call of Duty, Fortnite, et GTA. Et si c’est pas des jeux de guns, c’est des jeux de compétitions, de domination.

Évidemment, c’est pas juste ça! Y’a plein de bons petits jeux cutes, colorés, non-violents, pacifistes, qui encouragent plein de bonnes valeurs. Des jeux comme Monument Valley, ou Sky: Children of the Light, ou Journey ou plein d’autres dont on parle tout le temps sur On a juste une vie. Mais ça, le commun des gens ne les connaissent pas. Les jeux «artistiques», non-violent, ne sont pas les gros jeux vu dans les publicités. Y’a pas de pubs pour Monument Valley à la télé. Y’a juste des pubs pour FIFA et Call of Duty (du moins, c’était le cas dans le temps que j’avais encore la télé).

Le commun des gens n’entend parler que des trucs populaires. Les films populaires (de super héros genre), les albums de musique populaires (Céline Dion, Lady Gaga, Star Académie, ce genre de trucs), les livres populaires (la biographie de Steve Jobs, Fifty Shades of Grey, etc). C’est pareil pour tous les médiums. Y’a les trucs connus, et y’a ce qu’on pourrait appeler le «good stuff». Les trucs peu connus, mais super bons. Les trucs fait avec passions et amour. Les trucs plus expérimentaux, plus intimes. Ça existe pour les films (le cinéma d’auteur, les films québécois), la musique (tout ce qui ne joue pas à la radio, lol), les livres (ça je les connais moins, mais y’en a une tonne c’est sûr!). Et évidemment, c’est pareil pour les jeux. Les bons jeux que j’aime, c’est les trucs moins connus.

Je repense à des moments précis dans ma vie où je me suis senti jugé d’aimer les jeux vidéo. Une fois, c’était ma tante qui jasait avec ma mère. Ma mère parlait de Monument Valley, que c’était bon et très joli. Ma tente a eu un regard de dégoût: «tu joues à ça, toi, des jeux vidéo?? Moi, je ne jouerais jamais à ça!».

Dans ce moments là, ma psy me dirait: On s’en fout de l’opinion de ta tante! Si elle aime pas ça, c’est son problème! Ça ne devrait pas t’affecter autant!

Vrai. Faut que je me répète ça constamment!!

Mais en attendant, ça m’affecte. Parce que soudainement, je ressent le besoin de leur partager les bons jeux, mais je le fait avec peut-être un peu trop de passion, de manière un peu défensive, donc les gens ne sont pas super réceptifs. Et c’est épuisant de toujours devoir se justifier! Alors en attendant, je partage mes trouvailles auprès de gens que je sais qu’ils sont déjà intéressés, dans les conversations de groupe de mes amis, sur Mastodon, sur On a juste une vie, etc. Je prend le chemin facile qui me fait éviter les affrontements, pour éviter d’avoir peur. (Ma psy avait un nom pour ça mais j’oublie…)

Partie 2: Les jeux c’est pour les enfants. Les jeux c’est une perte de temps.

La plupart des gens plus vieux que moi pensent ça. En fait, ma génération, ceux qui ont grandi avec Nintendo et les consoles de masses, on étaient (un peu) les premiers. Avant ça, les jeux vidéos étaient pas mal plus niches. Donc, pour eux, les jeux, c’est le truc qui fascine leurs enfants. C’est pas un truc d’adulte. Donc c’est normal que ces adultes n’ont pas encore accepté le médium comme un «vrai médium artistique». De la même manière que la bande-dessinée a eu le même problème v’là genre 60 ans. Ça a pris plusieurs générations avant que ça devienne «normal» et «acceptable». Ça a pris des BD plus adultes, émotionnellement matures, pour que le grand public s’y intéresse. Genre comme les BD de Paul. Soudainement, plein de gens voulaient lire une BD et réalisait que, «oh wow, c’est pas pour les enfants pentoute» et….. «oh my god, Paul à Québec, c’est donc ben triste à la fin!!!»

Ouain.

Je dirai pas combien y’a de jeux qui m’ont fait explorer des sentiments vraiment intenses et absolument pas enfantin. Des sentiments que je suis sûr que certain adultes n’ont jamais vécus. Genre le mystique/spirituel de Sword and Sworcery EP qui m’a presque fait croire en une certaine forme de divinité. Genre la fin de Journey (qui te fait sentir connecté avec une autre personne que tu connaissais pas v’là 30 minutes!) ou de The Garden Between. Genre la réalisation de ce que ça veut dire «un univers quantique» avec Meanwhile ou Braid. C’est des émotions que j’ai jamais vu ailleurs, sauf peut-être dans certains romans un peu bizarres/intenses. Le fait que ces jeux là existent, c’est la preuve que le médium des jeux est devenu mature et est maintenant capable de toucher à toutes les émotions, pas juste les trucs pour enfants et la violence. Le problème c’est que, pour l’instant, y’a juste les fans de jeux indépendants qui savent ça.

C’est tough pour moi présentement parce que, comme je disais, je navigotte les apps de dating et je fais quelques rencontres. Comme c’est des filles en dehors de mes cercles sociaux, c’est des filles qui ont souvent eu très peu de contacts avec les jeux. Elles se souviennent peut-être d’une console appartenant à un frère durant leur enfance avec un peu de Mario Kart. Elle ont joué à Monopoly et Scrabble. Elles ont eu un ex qui passait toutes ses soirées collé à sa console à crier dans un micro. Pis c’est pas mal ça. Et là moi j’arrive, cet hurluberlu qui affirme que ça existe des jeux «pas pour enfants» et «qui font pleurer» et j’ai genre 2 minutes pour essayer de leur faire comprendre que, non, je ne passe pas mes soirés à trop jouer à Call Of Duty comme leur frère/ami/ex.

Oh, juste pour préciser: ces conversations là se passent dans ma tête. Parce que, en fait, à part une ou deux fois, ça n’a presque jamais été mentionné dans les rencontres que j’ai faites. La plupart s’en foutent un peu. C’est moi qui voit ça pire que ce l’est. C’est moi qui a peur de le dire. Qui dit, un peu sur le bout de la langue «ouais, j’aime bien les jeux vidéo» et qui précise très rapidement «mais pas les jeux violents! Juste les jeux cutes!» et qui ajoute immédiatement «mais pas les jeux pour enfants là! Les jeux peuvent faire pleurer!!!»

Ouain. Je suis vraiment toujours en train d’essayer de me justifier.

Partie 3: Les jeux sont addictifs et rendent anti-social

Là-dessus, je vais pas trop vous contredire. C’est vrai que y’a beaucoup de jeux qui sont addictifs par design. Je le sais, c’est ma job de les faire! Et même les jeux plus traditionnels pouvaient être très accrocheurs par les défis qu’ils offrent à relever, l’action, les couleurs, la nouveauté. C’est définitivement plus intéressant que de faire des devoirs ou aller dehors regarder le gazon pousser. Et le stéréotype du nerd collé à son écran, dans le sous-sol, sans jamais sortir dehors voir le soleil, c’est une image ancré dans la tête des gens. Probablement à cause des publicités de l’époque. Et des personnages nerds dans les sitcom et les films. Des éternels enfants/adolescent déconnectés de la réalité, renfermés sur eux-même, anti-sociaux. Et là moi, évidemment, j’ai peur d’être confondu avec cette image là. Genre «non non, moi je suis pas un nerd comme ça! Moi je suis un cool nerd!».

Sauf que, dans les faits, l’image ne matche même pu avec moi. Parce qu’en vérité, depuis que j’ai arrêté de jouer à Heroes of the Storm de manière quotidienne, je ne passe plus tant d’heures que ça à jouer dans une semaine. Au contraire, je passe du temps pour d’autres loisirs, pour apprendre des nouveaux talents, je m’occupe de mon jardin, je fait du yoga. Alors pourquoi je me vois comme le mauvais chum qui préfère jouer aux jeux plutôt que de jaser avec sa blonde?

Et là vous allez me dire: Ben alors, c’est pas compliqué, t’as juste à te trouver une fille qui est aussi gamer!

Ouainnn……… pas sûr.

En fait, c’est même pas un profil qui m’attire.

Parce qu’en réalité, même moi je ne me vois pas comme un «gamer». Pour moi un gamer c’est ceux qui jouent à Call of Duty, qui aiment le E-Sport et cette bullshit là. C’est des dude-bros qui crient avec des manettes dans les mains dans les annonces de Best Buy.

Moi je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas comme les gamers qui streament sur Twitch avec leur chaise de gamer, leur clavier avec lumière colorée RGB et leur millions de toutous, figurines et sponsors. C’est pas pentoute mon style. Moi je suis rendu super minimaliste, zéro déchets. Je ne m’achète plus de console. Je ne m’achète pas un meilleur téléphone. Je reste sur mes vieilles patentes le plus longtemps possible. Je me débarrasse de toutes les choses que j’ai chez nous pour avoir le moins de bebelles possible. Alors quand je tombe sur un profil de fille gamer, malheureusement, ça vient souvent avec le profil de collectionneuse, de hoarder, et ça, ça me turn off. Tant mieux pour elles si elles aiment ça. Moi c’est pas mon style.

Et oui, je suis conscient que là je suis en train de juger ceux et celles qui se présentent comme gameuses et gamers. Je suis en train de dire que parce qu’ils/elles jouent à des jeux, ils/elles sont des personnes moins intéressantes. Dans le fond, peut-être que ça veut dire que c’est moi qui juge négativement les gamers et donc qui me juge moi-même. Ça expliquerait pourquoi j’évite autant cette étiquette.

Faque ouain. Je pense que je commence à avoir fait le tour de la question. Je ne m’attendais pas vraiment à avoir une révélation en écrivant tout ça, ni à régler mon problème. Mais je pense que c’est bon d’y penser, d’en prendre conscience et de tout mettre par écrit. Et tant mieux si ça a pu être informatif ou intéressant pour vous.


Le

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Une réponse à “Pourquoi est-ce que je me sens jugé de jouer à des jeux vidéo?”

  1. Avatar de Gersande

    Tu te poses les bonnes questions, je crois. Dans mon parcours à m’affronter à mon anxiété, je trouve que souvent, la voie vers un peu de libération de tous mes complexes commence par trouver la bonne question. Si je puis me le permettre, j’ai trouvé en particulier tes deux derniers paragraphes super intéressants — souvent le jugement qu’on porte aux autres et un jugement qu’on porte aussi envers soi-même. Quand on se sent un peu moins complexé, un peu plus confortable (dans sa peau, dans son cadre, wtv), un peu moins anxieux, je crois souvent qu’on juge (autrui et soi-même) moins! Ça a été un peu mon expérience, en tout cas!

    Merci pour avoir partager tout ça!

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